jeudi 15 août 2013

L'évasion



La cordillère des Andes est un des paysages de la Bolivie que je n’avais pas encore visité, et pour cause, sa majestuosité et son atmosphère glaciaire me jetait un froid dans le dos lorsque mon regard se posait sur ces reliefs. J’ai donc décidé de prendre mon courage à deux mains et de pénétrer dans les entrailles de ce colosse  que l’on aperçoit depuis la ville de La Paz : le sommet Huayna de Potosi qui culmine à 6088 mètres.

*  *  *

Cet épisode de mon voyage est un peu différent des autres car il a pour vocation de vous faire partager une passion que j’ai pour la nature, la montagne et par-dessus tout la course à pied en nature.
J’avais choisi avec soin le guide de haute montagne qui allait m’accompagner pour cette aventure. Son nom Mario. On a passé un long moment à discuter afin qu’il puisse évaluer ma condition physique et mon potentiel car l’ascension de ce sommet est très coûteuse en énergie, et près de la moitié de ceux qui s’y lancent, finissent par faire demi-tour du fait des conditions extrêmes. Après l’approbation de Mario, on se fixe un rendez-vous le samedi matin pour un départ en camionnette. Il fallait rejoindre le refuge à plus de 5000 mètres d’altitude cette première journée pour se reposer avant de gravir ce sommet imposant qui obsédait mes pensées depuis quelques-jours. Je voulais tester mes limites physiques, mais également mentales en évoluant dans un milieu autant extrême. Arrivé en milieu de journée au refuge, j’en profite pour me familiariser avec les alentours du refuge et j’en profite pour enfiler mes chaussures de trail et aller visiter les alentours : lacs et versants de la montagne. 

De retour vers 17h00 au refuge, il fallait manger et se reposer pour être en forme pour le départ de 00 :30. Entassés dans le refuge pour essayer de trouver un semblant de chaleur au milieu du vacarme que provoquait le vent glacial, il me fut impossible de trouver le sommeil. Peu importe, il fallait se lever et braver le froid de haute montagne qui médusait l’atmosphère, et plongeait l’ambiance du refuge dans un silence religieux. 

Une fois les crampons chaussés, le piolet en main, la corde en place et le mousqueton sécurisé, on s’élance dans une nuit noire, sur une piste pentée et glacée qui me paraissait interminable. Durant de longues heures à utiliser les crampons, le piolet, la corde, je ne lâchais pas prise et j’essayais de motiver les personnes des autres cordées qui sentaient leur force les abandonner. Une personne de ma cordée ne pouvait poursuivre et a donc dû faire demi-tour avec mon guide. J’ai changé de groupe pour filer en tête et assurait la marche avec le guide. Arrivé peu avant l’aube sur la partie sommitale de ce géant, une crête pas plus large que mes deux pieds joints se dessinait et je sentais que la fatigue et le sommeil me gagnaient mais je ne voulais en aucun cas abandonner. Après ce dernier passage dont j’ai cru que j’allais y laisser une partie de moi tant la difficulté paraissait insurmontable, je réussis à toucher le sommet de ce haut glacier.

Avec un peu de fierté je compte cette aventure. Cependant, j’aimerais dire à quel point l’humilité est nécessaire lorsqu’on évolue en montagne. J’ai pu mesurer parallèlement avec la beauté qu’offre la haute montagne, le danger qu’elle présente à chaque pas que l’on effectue. C’est pourquoi le respect est de mise, et j’ai appris qu’il ne fallait surtout pas se sentir plus fort que la nature, car au final, elle triomphe un jour ou l’autre. A l’appui, Mario qui m’a compté qu’il n’y a pas plus de 3 semaines, un skieur français de très haut niveau (mondial) a péri dans cette montagne en voulant se lancer un défi.

P.S : Pour des raisons de sécurité, je n’ai pas pu filmer l’ascension, je vous prie de bien vouloir m’en excuser !


5 commentaires:

  1. Pas mal 6088m, comme je me suis arrêté à 6900m je t'emmène sur un 7000m ? il faudra troquer les chaussures de trail contre les coques plastiques, on court moins bien avec !!!!!

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  2. Je n'ai pas encore la folie des hauteurs mais pourquoi pas un jour aller rendre visite à l'Himalaya ! (Passer de 3100m mon maximum dans les Pyrénées à 6088m , ca fait bizarre)

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  3. et plus on est jeune, plus on souffre du mal aigu des montagnes (dixit un spécialiste), donc tu as intérêt à attendre encore !

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  4. Ca reste à prouver ... je n'ai quasiment pas souffert de l'altitude à mon entrée au pays. Ca a duré pas plus de 20 minutes ! Et au sommet, rien, juste le froid ! J'ai pas envie d'attendre, ma forme actuelle me permettrait de faire pas mal de choses que je ne pourrais surement pas faire plus tard. J'ai quelques projets en tête que j'aimerais concrétiser d'ici 2 à 3 ans.

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  5. cool mais attention, cette fois c'est une souscription nationale qu'il va falloir ouvrir ! lol

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